Briséis: Ici, Briséis du Machin Club en direct du Diamant, je suis en compagnie de Robert Lepage pour une entrevue exclusive avant l’ouverture. Bonjour! Robert : Bonjour! Briséis: Donc, ça fait longtemps que vous êtes dans notre liste de géants ici. Robert: Ah c’est vrai? Briséis: Donc, on avait vraiment hâte de pouvoir souligner votre nom. Quand et comment est venu l’idée du Diamant?
Alors comme nous, ça demande un genre d’équipements, un genre d’équipement culturel électronique technologique que souvent ces théâtres là n’avaient pas. Donc, nous, on a rêvé à une salle: “Bien si on avait notre salle à Québec…” Parce qu’on était toujours en train de jouer soit chez les autres ou on jouait pas du tout à Québec, mais on allait jouer à Montréal puis on allait jouer un petit peu partout dans le monde parce qu’on fait beaucoup de tournées. Puis on avait envie d’avoir un lieu à Québec où on pourrait jouer tous nos spectacles sans exception et avoir un lieu qui nous ressemblerait. C'est-à-dire qu’on pourrait jouer quand on veut, le nombre de représentations qu’on veut avec l’équipement qu’on veut. Donc ça a pris beaucoup de temps à convaincre les gens pour qui nous donnent de l’argent, donc c’est très très long, c’est un processus qui est très très long, donc ça fait au moins une dizaine d’années qu’on travaille à ça. Alors ça a pris du temps, alors le bâtiment a été construit sur deux ans, mais avant ça, il y avait toute la période, il fallait trouver le financement, il fallait convaincre les politiques, c’était quelque chose là, il fallait qu’on serre beaucoup de mains de beaucoup de gens. Et bon, ça a fini par débloquer, puis là maintenant, on a notre lieu puis on est très heureux.
Parfois, ils vont trouver une salle pour faire un spectacle, mais ils ont pas nécessairement une salle qui est adaptée pour le cirque. Donc, nous on est très fiers que notre théâtre où on habite, sert aux autres aussi. C’est vraiment fait, c’est adapté pour pouvoir accueillir du cirque, de la danse, de l’opéra, même de la lutte. Parce qu’il y a des lutteurs qui vont venir faire des matchs de lutte au Diamant. Alors tout ce qui est théâtral parce qu’on sait que la lutte c’est un sport qui est théâtral, les gens jouent des personnages puis bon, tout ça. Donc, ça va être un lieu pour ça. Ce dont on est très très fiers, c’est que c’est un beau gros projet qui est, ce qu’on appelle un projet citoyen, c’est à dire qui est ouvert à tout le monde. Que les gens vont pouvoir, ceux qui ont pas de maison, les compagnies qui n’ont pas de maison, qui n’ont pas de garage, vont pouvoir venir faire des choses ici. Raphaëlle: Comment est-ce que vous arrivez à partager votre créativité avec toute une équipe?
Briséis: Notre mentor Rock Demers a hypothéqué sa maison et les bijoux de sa femme pour assurer le financement de la Guerre des tuques. Robert: (rires) c’est vrai?
Nous, peut-être 100% de l’argent qu’on utilise pour faire nos projets, il y en à peu près 80-84% qui vient de l’étranger, ça ça veut dire qu’il y a des gens en Allemagne, au Japon, en France, aux États-Unis, en Italie, qui croient assez à nos projets pour nous donner l’argent d’avance. Pour dire, on va vous donner l’argent quatre ans, cinq ans d’avance, puis vous viendrez faire votre spectacle chez nous. Alors nous, l’argent, en grande majorité vient de l’étranger et c’est ça la différence peut-être de quelqu’un comme Rock Demers ou des gens comme ça qui eux effectivement sont obligés de soit faire des levées de fonds, des soirées bénéfices, des BBQ payants (rires) tu sais il y a toutes sortes de trucs… Puis dans son cas, mais mon dieu pauvre Rock, je savais pas qu’il avait hypothéqué les bijoux de sa femme. Mais bon, moi j’ai jamais été obligé de faire ça, alors j’ai été chanceux d’une certaine façon parce que mes spectacles travaillent beaucoup à l’étranger, j’ai beaucoup beaucoup de contacts en dehors du Québec. Donc c’est comme ça moi que j’arrive à payer ce que je fais.
Amine: Et ce serait quoi votre rêve pour l’avenir de la Ville de Québec? Robert: Moi, je trouve que Québec a beaucoup changé dans les dernières années. Vous vous êtes très jeunes, je pense pas que vous avez connu le 20e siècle. Je pense que vous êtes le produit du 21e siècle. Et moi ce que longtemps j’ai reproché à la Ville de Québec, parce que c’est une ville Musée, han, Québec. C’est une ville qui compte beaucoup sur son passé. Et avec des projets comme le Diamant ou le nouveau Musée d’art contemporain, on sent que Québec veut rentrer dans le 21e siècle. Que Québec veut se moderniser et je pense c’est ça, il faut que la ville de Québec, soit la ville de tous les temps. C’est à dire que oui c’est vrai que ça a un patrimoine, ça a un passé glorieux, c’est d’une beauté ancienne, mais c’est aussi une ville moderne. Les gens d’aujourd’hui, surtout les gens de votre génération, vous êtes les produits du début du 21e siècle, vous avez envie d’une ville qui va vous ressembler. C’est pour ça là, moi je suis très heureux, j’entends dire que le tramway, ça va se faire. Bon donc, il est temps qu’à Québec, il y ait un tramway. C’est à dire que la ville, elle devient de plus en plus moderne, de plus en plus contemporaine.
Et à chaque année, c’était super parce qu’on découvrait des affaires sur la Ville de Québec qu’on savait pas qui avaient existées, des événements, des personnages, puis des anecdotes extraordinaires donc, moi c’est ça que j’aime encore beaucoup de Québec, c’est une ville super riche au niveau de toutes les histoires qu’on peut raconter, de tout ce qu’on peut découvrir. Briséis: Est-ce que vous connaissez BGL, les artistes? Robert: Ouiiii. Briséis: On les a rencontrés, ils faisaient partie de notre liste de géants. Robert: Mais est-ce qu’ils prenaient une place ou trois places? (rires) Briséis: Qu’une! Robert: Ah qu’une, alors BGL, le géant BGL. Ok super! Briséis: Ils nous ont demandé de vous poser la question … Est-ce que vous aimez le hockey?
Mais quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup le hockey. J’ai même joué au hockey, j’étais assistant-capitaine dans Mosquito B (rires) Mais j’ai pas joué très longtemps, mais j’étais pas pire, j’étais bon, je patinais sur la bottine un peu, mais j’aimais beaucoup le hockey. Puis ça, c’est difficile d’être né au Québec surtout à l’époque dans les années 1960, c’était difficile de pas aimer le hockey. Mais on dirait que depuis une vingtaine d’années, des fois, les gens me parlent d’un joueur des Canadiens puis je sais pas de qui ils parlent. Fait que c’est difficile parce des fois, je vais à la télévision dans des talks-shows où on me pose des questions parfois, puis on va me poser des questions sur le hockey puis je sais pas quoi répondre, puis je suis toujours un peu mal pris parce que je suis plus ça. Puis c’est vrai qu’il y a eu une époque où j’aimais le hockey, dans le temps qu’à Québec on avait une équipe, on avait les Nordiques. Puis là, c’était, t’sais, il y avait une fierté locale puis on jouait contre Montréal ou on jouait contre Boston. Alors ce qui fait que j’étais beaucoup plus porté à suivre le hockey, mais là tant qu’on a pas d’équipe locale, c’est difficile… En tout cas pour moi, avec le temps que j’ai de me passionner pour ça.
Robert: À qui je recommanderais le film? Et mon dieu, c’est parce que maintenant la Planète des singes, ça a été tellement repris, il y a eu toutes sortes de suites, han à la Planète des singes puis c’est devenu une espèce d’affaire un peu Star Wars puis tout ça… Fait que moi je dirais aux gens qui sont fans de… Amine: De singes? Robert: De singes, ouais! (rires) d’aller voir ça, le film est quand même tu le compares aux films aujourd’hui… Tu sais aujourd’hui, les affaires sont faites beaucoup par animation puis tout ça, t’sais comme le nouveau Roi Lion là qu’ils ont fait, c’est presque des vrais animaux puis moi, je trouve ça le fun la Planète des singes parce que les singes étaient joués par les humains, puis c’était pas des animations. Tous: Aahh ouais? Robert: Ouais ouais, c’était vraiment des humains qui avaient des masques de singes puis qui se comportaient comme des singes. Raphaëlle: Est-ce que ça avait l’air genre… C’était tu crédible?
Ça me ferait rire parce que je ferais voyons, ça a été dépassé depuis c’est sûr. Raphaëlle: Genre, c’est passé date! Robert: Ouais, c’est ça, ça ferait passé date, mais l’histoire demeure très très bonne puis le message, ça demeure quand même un grand film. Briséis: Est-ce qu’au Diamant, il va y avoir des choses à manger? Robert: Oui (rires) il va avoir des choses à manger… On a un petit retard là-dessus parce que justement le Capitole à côté, eux ils ont un restaurant qui s’appelle Il Teatro et eux, on a signé avec eux pour développer en bas, vous avez vu quand on rentre il y a un grand espace vide là, ça ça va être un restaurant. Puis, ça va être un restaurant de fusion asiatique, c’est à dire que chinois, japonais, thaïlandais, il va y avoir toutes sortes de… y va sûrement y avoir des sushis aussi, y va y avoir des dumplings, y va y avoir tout ça, puis ça va être très très bien, puis c’est très le fun leur projet, ils nous ont montré qu’est-ce qui vont faire avec ça, mais eux comme sont très occupés présentement à construire le building à côté, comme vous avez vu, ils font un gros hôtel. Briséis: Quel est votre restaurant préféré à Québec? Robert: Est-ce qu’il faut que je réponde à un seul restaurant? Briséis: À Québec puis après ça on vous demanderait dans le monde c’est lequel? Robert: Ah ben oui, ben là! C’est parce qu’à Québec, j’en ai plusieurs. Mais bon, là faudrait que j’en nomme juste un… Briséis: Celui que vous recommanderiez… à des enfants! Robert: Ok. Est-ce que vous aimez les soupes? Tous: OUi! Robert: Il y a un endroit super à Limoilou qui s’appelle Soupe et cie. Tous: Ah oui! Ça c’est bon! Philomène: J’habite à Limoilou.
Et même, j’ai une cuillère d’argent écrit… Parce que quand t’es un bon client, en cadeau, il te donne une cuillère d’argent avec le nom de ta soupe préférée. Alors si tu rentres puis tu montres ta cuillère, ils te donnent une soupe gratuite. Tous: Wow!
Bon, il y a des buildings de 6-7 étages, 8 étages, mais il y a pas beaucoup de choses en hauteur. Tandis que ça c’est assez haut pour avoir une belle vue de la ville de Paris. C’est un restaurant qui s’appelle chez Georges. Vous chercherez ce type là y’est super intéressant c’est un architecte qui s’appelle Philippe Starck. Lui, Philippe Starck c’est un grand designer, il réinvente pleins de choses, c’est vraiment un gars très intéressant. Puis, il est architecte aussi, puis c’est lui qui a fait tout le design du restaurant. On mange très très bien, c’est ouvert très très tard et il y a une vue incroyable sur Paris. C’est l’ambiance qu’il y a là, tout est vitré, qui est une vue vraiment extraordinaire de la ville de Paris. Briséis: WooW!! Robert: Donc quand vous serez à Paris quand vous allez tourner votre prochain épisode là, l’année prochaine quand vous irez à Paris interviewer des vedettes françaises, des géants français. Je suis certain qu’il y a des géants là-dedans qui ont des appartements à Paris.
Mais moi, mon école de gars, il y avait pas beaucoup de théâtre, mais l’école où ma soeur allait, elle allait à l’école Anne-Hébert, il y avait des pièces de théâtre. Souvent, c’était toutes des filles, puis les filles jouaient toutes des gars, puis c’est là que j’ai commencé à aller voir du théâtre et j’aimais ça beaucoup beaucoup. C’est vraiment là… Mais l’école Anne-Hébert est devenue mixte après. Mais l’école où j’allais moi c’était Perreault… Philomène: Si vous aviez 10-12 ans en 2019… auriez-vous envie d’avoir une chaîne YouTube? Robert: (rires) Non, pas une chaîne YouTube. Ben là, je sais pas parce que moi je suis pas très médias sociaux, c’est pour ça. Non seulement, je connais pas bien ça, mais les médias sociaux, ça m’intéresse moins, j’aime mieux faire le genre de métier que je fais parce que ça me permet d’être en contact avec les gens. J’ai l’impression moi que les médias sociaux ou les chaînes YouTube comme tout ça, on se cache derrière le médium. Moi, j’aime bien le contact direct. Vous vous allez partir avec ça, vous allez tout tout changer ça, vous allez faire ce que vous voulez mais… Mais moi, ce que je vais me rappeler de ça, c’est que je vous ai rencontrés en personne. Et c’est ça que j’aime beaucoup! Alors moi, toutes les chaînes YouTube, je saurais même pas comment faire… (rires) Mais, moi je prends jamais de photos par exemple, on me reproche ça d’ailleurs… Je pars en voyages, tout ça, je prends pas de photos puis là tout le monde, puis là je vois le monde prendre des selfies, puis là je suis là :” Mais pourquoi tu fais ça?” “Ben je veux m’en rappeler…” “Bien essaie de t’en rappeler avec ta tête pas juste avec des photos. “ Amine: Est-ce que vous pensez qu’on peut prévenir la haine en ligne? Robert: C’est très difficile, han… C’est sûr que la beauté de l’internet, puis tout ce qui est en ligne tout ça c’est la grande liberté d’expression. Puis, ça faut protéger ça, mais… un moment donné, il faudrait être capable de filtrer. À partir du moment où t’acceptes… Justement pour enlever la haine, ça serait bien les gens puissent filtrer, mais à partir du moment où tu permets à des gens de filtrer, y vont filtrer comment… est-ce qu’ils vont se mettre à filtrer des choses qui sont pas nécessairement haineuses, mais avec lesquels ils sont pas d’accord tout ça? Et c’est ça le grand problème. Raphaëlle: Quelque chose que beaucoup de gens pourraient trouver correct, ce serait pas correct pour quelqu’un fait que là ben ça pourrait… Robert: Mais tu vois, sûrement qu’un moment donné les pays vont vouloir exercer un certain pouvoir sur ce qui est en ligne. Il y a déjà des pays qui font ça. Parce que aux États-Unis, ils ont pas les mêmes lois qu’au Canada, alors c’est très étonnant. Au Canada, au moins, on a des lois anti-haine, han? C’est à dire que si tu publies un article qui est haineux, t’as pas le droit d’encourager la haine, mais bon… Y’ont pas le contrôle sur l’internet, y’ont pas le contrôle, mais c’est sûr que dans un film, à la télévision, le gouvernement met en place des… mais t’as pas le droit d’avoir un rassemblement qui fait la promotion de la haine. Mais aux États-Unis, ils ont pas ça, aux États-Unis, il n’y en a pas de lois comme ça. Alors eux, c’est sûr qu’ils ont plus une tendance à laisser libre cours justement à du taxage puis à de la haine, mais le monde change, il faut avoir l’espoir… La vie c’est un balancier, c’est parce que vous êtes bien jeunes, le balancier, y’a juste été d’un bord (rires) à un moment donné, y va de l’autre bord, puis à un moment donné, il revient puis à un moment donné, les choses se stabilisent puis les choses se placent… alors moi, j’ai plutôt espoir que les choses vont se rétablir. Raphaëlle: Comment faites-vous pour rester simple face à la controverse et la renommée? Robert: Ah oui, ben je sais pas… Moi je trouve que quand on a la chance d’avoir accès aux médias, d’avoir accès à de l’expression, à des choses comme ça… Je pense qu’il faut être redevable, il faut être humble, puis il faut se compter chanceux. Parfois ce qu’on va faire, ça va être mal compris, ça va créer de la controverse, tout ça, puis il faut accepter ça, faut dire bon ben regarde, au moins t’as la chance de t’exprimer, t’as la chance de faire ce que tu veux. Alors moi, je me considère chanceux dans la vie maintenant. Bon, quand j’étais plus jeune, j’étais pas nécessairement chanceux, puis j’ai travaillé pour faire ce que je fais aujourd’hui. J’ai travaillé très fort, mais c’est sûr qu’on fait pas d’omelette sans casser des oeufs, fait que c’est sûr qu’il va arriver des choses, il va arriver des erreurs. On va avoir des erreurs de jugement, des choses comme ça, puis faut l’assumer. Si tu l’assumes pas, t’es malheureux.
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À la poursuite des géantsGrâce au soutien du Conseil des arts et lettres du Québec, Pammy Poppins a entamé un processus de recherche et de création unique avec Les Chroniqu'arts en 2017. L'aventure se poursuit jusqu'à aujourd'hui! Archives
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